Un plaisir trop bref (Lettres) de Truman Capote (10/18 - 510 pages - mars 2007)
Traduit de l'anglais (américain) par Jacques Tournier
Edition établie par Gérald Clarke aux USA en 2004
Titre original : Too Brief a Treat
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Truman Capote a vécu de 1924 à 1984, mort peu avant son 60e anniversaire.
Cette correspondance reprend les lettres adressées par l'auteur à différents destinataires entre 1936 et 1980.
Vous aurez ainsi compris que cette correspondance embrasse quasiment toute la vie de Truman Capote. Certes, certaines périodes sont très pauvres en lettres : ses premières années (1936-1946) et les dernières (1966-1980).
Ce sont donc essentiellement vingt années de sa vie 1946-1966 qui sont ici évoquées à travers les lettres d'un américain voyageur.
Il aura passé la majorité de sa vie avec son compagnon, car Capote est homosexuel, Jack Dunphy (1914-1992) qu'il rencontre en octobre 1948 et qui lui survivra. il sera lui-même écrivain. Une vie commune forte, entourée de quelques animaux qui font partie intégrante de leur vie, partout où ils vont allés. Mais, alors, disons-le tout de suite, il y a beaucoup de pudeur dans les allusions qu'il fait de leur vie commune aux amis. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux sont également homosexuels. C'est important de le préciser ici pour le cadre général, mais ce n'est en rien l'essentiel de cette correspondance.
Car c'est la LITTERATURE, et tout ce qui tourne autour, qui reste au centre des propos de Truman Capote. On y croise Tennessee William, Harper Lee (une amie d'enfance), William Goyen (qu'il va encouragé à ses débuts et avec qui il va se fâcher plus tard), William Styron... C'est dire que les amoureux de la littérature américaine voient passer ici des noms devenus souvent prestigieux.
Et comme Capote va devenir de plus en plus célèbre au fil des années, on le voit rencontrer Jacky Kennedy devenue une amie, la Reine d'Angleterre avec qui il va souper, sans oublier son voisin de Verbier, Charlie Chaplin qu'il croise régulièrement.
Une vie vouée à la littérature (au moins dans ces années 46 - 66, car après son chef d'oeuvre "De sang froid", il va tomber dans l'alcoolisme et les mondanités qui vont le faire écrire de moins en moins). Et toujours, il parle d'auteurs à lire, promouvoir. Un altruisme évident se dégage de ses lettres.
Au centre de ce gros volume (pour mémoire c'est un 10/18 "grand format" et non le poche 10/18 que l'on connait), 180 pages consacrées aux années 1959-1966, celles de l'affaire du meurtre de la famille Clutter, et en parallèle de l'écriture de "De sang froid", livre qui raconte cette affaire. Près de 6 ans, où il écrit, lit tout ce qui concerne l'affaire, interroge ses amis au travers de ses lettres.
Il était allé juste après le meurtre dans le Kansas avec Harper Lee. Puis, il raconte cette affaire jusqu'à la pendaison des deux meurtriers identifiés : Dick Hickcock et Perry Smith. Un procès qui va s'éterniser, les avocats faisant tout ce qui est en leur pouvoir pour retarder l'issue fatale, qui aura lieu le 14 avril 1965. Dès le 25 septembre 1965, le livre parait d'abord dans le New Yorker avant de paraitre en livre en janvier 1966.
4 parties écrites toujours à l'étranger : Verbier (Suisse), Sicile, Espagne, Grèce, France. Quand il rentre aux USA, c'est pour voir ses amis, aller au Kansas où il peut rencontrer les criminels. D'ailleurs, il écrit à Perry Smith et plus encore, il se lie d'amitié avec Alvie Dewey, inspecteur chargé de l'enquête. Il est au coeur de l'affaire et peut écrire presque au quotidien cette histoire. Et sa correspondance montre un réel "work in progress".
C'est tout bonnement GENIAL pour le lecteur qui vit aux côtés de Truman Capote, pendant ces années.
" Truman Capote écrivait à ses amis comme il leur parlait, en toute franchise et liberté, dans un langage sans fioriture. Il mettait tout de lui-même
dans ses lettres - ses blessures, ses plaisirs, ses succès, ses échecs. Aussi vivantes de nos jours qu'au moment où elles ont été écrites, il en émane un tel feu qu'on est obligés de les lire
sans en sauter une ligne.
Ami amoureux, potinier insatiable, esprit étincelant - Capote a été tout cela. Mais aussi, presque jusqu'à la fin, écrivain de la plus haute ambition, se consacrant à l'écriture avec
une rigueur spartiate. Sa correspondance exprime une personnalité si flamboyante et si généreuse qu'elle défie les lois connues de la pesanteur humaine. "
Gerald Clarke
Alors voici, tout est dit avec cette présentation de Gerald Clarke. Il est chaleureux, écrivant avec "passion", affection. Mais quelle belle aventure que ce livre.
Vous aurez compris que cette correspondance est pour moi un MEGA COUP DE COEUR.
Et quand on termine le livre, on n'a qu'une envie, c'est de plonger dans "De sang froid", pour prolonger l'aventure littéraire, cette fois au coeur du livre.
Bonne lecture, qui je l'espère sera autant jubilatoire que celle que j'en ai faite.
(Juste un mot sur l'édition qui introduit bien les périodes de ces lettres avec en fin de volume un résumé de la vie de l'auteur très éclairante pour le suivre au fil de ses lettres. Un seul dommage, pas d'index des destinataires et des personnes citées dans les lettres)
Denis
Cette lecture entre dans le challenge US de Noctambule
http://22h05ruedesdames.wordpress.com/category/challenge-le-mois-americain-2/
Et cette correspondance rentre dans le challenge de Heide (en pleine réorganisation de son blog sur un nouveau site) : "En toutes
lettres"
Noctenbule 13/01/2014 07:28
DENIS 14/01/2014 19:57
Malika 11/01/2014 18:15
DENIS 11/01/2014 21:39
Valentyne 08/01/2014 11:40
DENIS 09/01/2014 20:54