C'est avec plaisir que nous avons rencontré et parlé avec Scholastique Mukasonga lors du 25ème salon du livre de Cabourg , dont elle était l'invitée d'honneur.
Le petit mot de Scholastique Mukasonga à propos de ce salon " Lire à Balbec ":
Balbec / Cabourg Cabourg / Balbec
Ce n'est pas sans émotion, puisque la nature ou le hasard vous a fait écrivain, que vous allez pénétrer dans le Grand - Hôtel de Cabourg. Cabourg, Balbec où êtes - vous?
Toutes les rues en éventail de la cité balnéaire convergent vers ce "palais des mille et une nuits " comme l'appelait en 1907, pour son inauguration, un journaliste du Figaro.
Déjà , vous vous engagez dans la porte à tambour et vous vous étonnez de ne pas être accueilli dans le hall par le directeur volubile et gaffeur, de ne pas voir surgir, comme un écureuil, le " lift " de sa cage d'ascenseur.
En vain, comme Marcel, vous tendez l'oreille pour ne pas manquer les coups que sa grand - mère va frapper pour chasser l'angoisse de son petit - fils, contre la cloison de leurs chambres contigues.
Vous n'êtes pas à Balbec, mais à Cabourg et c'est pour un Salon du Livre bien réel où, dans le hall du Grand - hôtel, se pressent les écrivains d'aujourd'hui.
Vous y reconnaissez et saluez des figures bien connues de la littérature.
Après déjeuner dans cet " aquarium " qui était pour Proust la salle à manger du Grand - Hôtel, le salon s'ouvrira et les lecteurs viendront en foule autour des écrivains.
A Balbec, pardon à Cabourg, la littérature est bien vivante.
Scholastique Mukasonga nous a conseillé ce livre : " Inyenzi ou les Cafards " qu'elle a dédicacé à notre fils Aurélien , heureuse car son fils porte le même prénom !
Inyenzi ou "cafard" est le terme par lequel les Hutus désignaient les Tutsis durant le génocide de 1994 au Rwanda.
« Quiconque visite le Rwanda est saisi
par la beauté de son paysage, mais il est aussi effaré par la violence de son histoire postcoloniale. Tout se passe comme si le bien et le mal irrémédiablement inséparables avaient scellé sous
ses mille et une collines un pacte d'amitié. Il y a d'un côté les collines ; il y a, de l'autre, le million de crânes qui les jonchent. Mais ce qui prédomine, dans ce récit, c'est le remords des
survivants, qui se traduit par les multiples cauchemars de l'auteur. D'où ce désir manifeste de donner aux
disparus une digne sépulture de mots à la fois pour apaiser les vivants et sanctifier
les morts.
Avec Inyenzi, Scholastique Mukasonga a écrit un récit auto - biographique précieux, un document qui nous éclaire de l'intérieur sur le Rwanda postcolonial, un livre que je rangerais à côté du " Suicide d'une république " de Peter Gay : l'un et l'autre nous montrent à partir d'une succession de faits pourquoi le génocide était hélas, trois fois hélas , inévitable.
Boniface Mongo - Mboussa
Anis 22/08/2013 21:33
DENIS 23/08/2013 21:24
Secrète Louise 17/08/2013 18:02
DENIS 17/08/2013 18:24