Gallimard, collection Le Cabinet des lettrés - 10/2010
144 pages - 30 photographies
Entre 2007 et 2010, dans ce qui devait être un ultime retour
vers le travail de la broderie et du tissage
qui avait été le sien dans sa jeunesse,
Louise Bourgeois imagina seize petits panneaux en hommage
à la pâle héroïne de Balzac.
Torchons et mouchoirs, parfois élimés, pliés dans les armoires
depuis son départ aux États-Unis en 1938, agrémentés de perles,
de boutons, d'épingles, de fleurs, de tissus, de strass,
reliquaires évoquant le temps qui passe, la minutie des herbiers
et l'humilité des ouvrages de dames.
L'écho entre mythe littéraire et légende familiale
- source d'inspiration essentielle de l'art de Louise Bourgeois -
s'impose d'évidence, comme le souligne Jean Frémon,
qui fut un familier de l'artiste, dans son essai introductif.
Père froid et distant, mère effacée, fille sacrifiée :
Eugénie Grandet est aux yeux de l'artiste «le prototype de la femme
qui ne s'est pas réalisée.
Elle est dans l'indisponibilité de s'épanouir (...),
prisonnière de son père qui avait besoin d'une bonne.
Son destin est celui d'une femme qui n'a jamais l'occasion
d'être une femme».
Faussement désuètes, parodiquement appliquées, subtilement
ironiques,
ces seize compositions qui évoquent la solitude, le vieillissement,
la frustration, l'effacement offrent aussi une célébration
de la patience féminine, dans tous les sens de l'expression.
Louise Bourgeois: Moi, Eugénie Grandet
Du 03 Novembre 2010 au 06 Février 2011 au musée Maison de Balzac
Responsable(s) : Yves Gagneux
Entre 2007 et 2010, l'artiste Louise Bourgeois, récemment décédée,
consacra 16 compositions, en écho et contre-écho à sa biographie,
à l'héroïne balzacienne: elles sont ici exposées.
L'exposition s'accompagne de la publication du livre:
'Louise Bourgeois: Moi, Eugénie Grandet', Gallimard,
coll. Le Cabinet des lettrés , présenté ci- dessus.