28 octobre 2010
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Editeur : Viviane Hamy - 2010 - 419 pages
Traduit de l'anglais ( Canada ) par Daniel Bismuth
Des hurlements de joie accueillirent un nouveau
venu.
Les mains dressées tel un chien dansant, les cils alourdis de
mascara,
le bleu des bajoues transparaissait sous la poudre de talc
violette.
C'était le Dr Maloney, l'homosexuel le plus coté de
Paris,
qui combinait les activités de catamite, avorteur, boxeur
et
confesseur officieux de certaines femmes de lettres.
Il se dandina jusqu'à notre table.
"Je sors d'une expérience merveilleuse.
Un costaud divin, sabots, pantalon de chasse en velours
et
somptueuse barbe de trois jours.
Ce n'est qu'après notre confrontation - si vous me passez l'expression -
Ce n'est qu'après notre confrontation - si vous me passez l'expression -
que j'ai appris qu'il s'agissait d'un vrai fossoyeur !
J'étais furieux. Si seulement j'avais su..."
Il claqua des doigts avec une force extraordinaire et deux serveurs
accoururent.
"Champagne, champagne, pour célébrer la victoire du
vice
sur la tombe !" "
Le ton est donné. Alliage rare d'humour et de candeur,
ces Mémoires sont une traversée sauvage, un conte sur le désir de liberté
inhérent à la jeunesse, où l'insolence est aussi naturelle
que la férocité à l'égard des clichés et des gloires littéraires
établis.
Glassco les définissait ainsi : " ... l'action y est organisée,
Glassco les définissait ainsi : " ... l'action y est organisée,
télescopée parfois ; nul flottement - il s'agit plus d'un
"montage"
des jours parisiens vécus quand j'avais 18 ans,
que le reflet fidèle de la réalité. "
Des brasseries où les beautés sans tabou s'éprennent
d'artistes
sans le sou , et , quelques rues plus loin , des chèvres en liberté
:
Montparnasse en 1928.
Quand il y débarque avec son rêve en poche , devenir écrivain
,

le Canadien John Glassco entend bien concilier
" la joie laborieuse de l'art " avec
" le chemin velouté de la jouissance ".
Un hédonisme propice aux rencontres : Gertrude Stein , hostisle à souhait ,
Hemingway ou l'insatiable Peggy Guggenheim , idoles exécutées
le soir même dans un journal intime qu'on découvre
enfin
dans sa traduction française.
Pourquoi faut-il s'y précipiter ?
Parce que , depuis le formidable " Autoportrait " de Man Ray
,
on n'avait rien lu d'aussi vivant sur cette planète
enchantée
de l'entre - deux - guerres.
Marc Lefrançois 28/10/2010 10:19