La Camumania a ses limites ( les portes du Panthéon )
L'entrée d'Albert Camus au Panthéon devait être «un symbole extraordinaire» pour le président de la République, puisque c'est «un projet
qui [lui] tient extraordinairement à cœur». On le comprend : il était difficile de trouver figure plus consensuelle par les temps qui courent. Car
cinquante ans après sa mort, le Victor Hugo du XXe siècle, c'est bien l'auteur de «l'Etranger» et du «Mythe de Sisyphe», ce polygraphe humaniste, surdoué, et si
sympathique.
Pourtant, pas de chance, la Camumania a ses limites. D'Olivier Todd (qui fut son biographe) à Jean Daniel (qui fut l'ami de cet homme «totalement libertaire» et lui rend ici hommage), les arguments varient, le ton aussi, mais la réaction est sensiblement la même. Et c'est à peu près celle de l'universitaire Jeanyves Guérin : « Qu'on laisse Camus à Lourmarin !».
On imagine comme ces avis embarrassent Nicolas Sarkozy, qui s'était plu il y a deux ans à vanter «le non-conformisme de Camus par rapport aux élites», mais il est un point de vue plus embêtant : c'est celuide Jean Camus. En qualité de fils de son père, il peut refuser cet honneur national. Il peut faire valoir que l'on ne parle pas de Voltaire et Rousseau parce qu'ils reposent au Panthéon, mais que l'on parle du Panthéon parce qu'il abrite Voltaire et Rousseau. Il peut considérer que, si ce bâtiment d'allure sévère a besoin du nom de Camus comme d'un supplément d'âme, l'œuvre de Camus se passera fort bien de cette momification.
Or malgré tous les efforts déployés par
Catherine Pégard pour le convaincre, Jean Camus va plus loin encore : panthéoniser l'auteur de «l'Homme révolté» lui apparaîtrait comme un «contresens» (selon le site du «Monde»), et il s'opposerait à une «récupération» de son père par le chef de l'Etat. C'est dire si l'affaire
s'annonce comme un rocher de Sisyphe.
Heureusement, pour l'Elysée, la sœur jumelle de Jean aurait déjà donné son accord.On craint que l'Elysée n'aille un peu vite. Sur les ondes de Radio-France, Catherine Camus a dit ce samedi qu'elle ne «sait pas». Elle trouve que «la question n'est pas simple»:
«C'est une question qui me dépasse, je me sens très petite. J'admire ceux qui ont une idée très arrêtée, moi j'ai que des doutes [...] Je pense à ceux qui sont de la même origine que mon père, c'est-à-dire très pauvre, et à ma grand-mère qui était femme de ménage, et peut-être que c'est aussi un hommage qui lui est rendu à elle, et que de ce point de vue-là, c'est peut-être aussi un symbole pour tous ceux pour qui la vie est très dure [...]. C'est quelqu'un qui a essayé de parler pour tous ceux qui n'avaient pas la parole et de ce point de vue-là, c'est un beau symbole.»
Catherine Camus
Où est le problème, alors? D'autant que
selon toute vraisemblance, personne ne se souviendra dans cinquante ans que c'est un Sarkozy qui a fait entrer Camus au Panthéon. C'est que non seulement son père «n'aimait pas» les honneurs, mais il «était claustrophobe». Personne n'est
parfait.
( Source Nouvel OBS. com )
catherine Thomas 06/11/2012 10:58
DENIS 06/11/2012 12:18
Bea kimcat 28/11/2009 19:59
DENIS ET FABIENNE 29/11/2009 09:53
Bea kimcat 27/11/2009 21:52
FABIENNE 28/11/2009 15:34
écureuil bleu 24/11/2009 22:45
Un petit Belge 24/11/2009 18:29
FABIENNE 24/11/2009 22:31