Avec les années , Camus s'est de plus en plus souvent considéré comme un écrivain et de moins en moins comme un philosophe.
Cependant , les critiques n'ont cessé de souligner combien ses préoccupations faisaient de lui un moraliste.
Toute son oeuvre témoigne du fait qu'il n'acceptait pas le vide moral de son époque et qu'il s'est efforcé d'apporter une réponse par la révolte solidaire , qui suit la révolte solitaire : le révolté découvre que le mouvement qui l'anime , fait de refus et de consentement , ne va pas sans la création ou la découverte de valeurs , telles que la dignité du révolté et de ses semblables , la solidarité , la liberté et la justice.
Son mouvement même de révolte lui révèle qu'il partage quelque chose avec les autres hommes , ne serait - ce que la condition mortelle.
S'affirment ainsi la complicité et la communauté des hommes.
Le révolté fera l'expérience de la difficulté qu'il y a à respecter des valeurs qui peuvent entrer en conflits et donner lieu à des antinomies.
C'est le cas par exemple de la liberté et de la justice. C'est le cas aussi de l'attitude à adopter à l'égard de la violence , la racine du mal : le révolté doit respecter la dignité de chacun , y compris celle des maîtres qui s'opposent à la libération des esclaves.
Mais ce serait trahir la révolte que de maintenir le statu quo de l'esclavage , lui - même violent.
Le révolté peut ainsi être amené à recourir à la violence , devenir un
" meurtrier innocent " ( L'Homme révolté ) , et entrer dans ce que l'écrivain appelle la " culpabilité raisonnable ".
Pour faire face à ces antinomies , Camus a développé ce qu'il appelle la philosophie des limites : le révolté doit s'efforcer de trouver un équilibre , constamment remis en question par les évênements et dons sans cesse réajusté.
Il n'y a pas de hiérarchie statique des valeurs qui permette de résoudre les problèmes une fois pour toutes.
Camus souligne un conflit qui déchire les activités humaines : la finalité de la morale n'est pas celle de la politique , et recourir à une conception idéalisée de la politique ne résout le problème que théoriquement.
Pour le journaliste de COMBAT ( métier dont il a défini une éthique ) , l'introduction du langage de la morale trouble le jeu politique.
Au risque de s'attirer le reproche d'être une " belle âme " , qui déserte l'histoire et se réfugie dans l'univers des principes moraux.
Deux grands écueils sont à éviter aux yeux de Camus : sombrer dans le moralisme et porter des jugements péremptoires ou définitifs sur ses semblables.
La CHUTE par exemple et REFLEXION SUR LA GUILLOTINE évoquent ce problème de jugement.
Dans ses CAHIERS , Camus souligne à plusieurs reprises que la morale trouve sa limite irréductible dans l'amour.
" Si j'avais à écrire ici un livre de morale , il aurait cent pages et 99 seraient blanches. Sur la dernière , j'écrirais : " Je ne connais qu'un seul devoir et c'est celui d'aimer. "
( Source Le Monde - Hors -série CAMUS )
kafenio.over-blog.com 03/05/2010 05:41
Marie 18/04/2010 09:51
Gerard 18/04/2010 08:30