La liberté joue un rôle fondamental dans la réflexion de Camus.Au début de sa carrière , il l'associe , dans une dimension mythique , à la mer et au soleil , deux divinités du panthéon
camusien.
L'écrivain recourt ensuite aux images concrètes , comparant , dans ACTUELLES II , la liberté à une cousine.
La cousine que les sociétés bourgeoises ne montrent que pour convaincre les critiques éventuels de leur ouverture mais qu'elles tiennent la plupart du temps à la cousine et qu'elles sont prêtes à
violenter si elle fait des siennes.
La cousine que l'on a enfermée dans le placard dans les sociétés communistes dont on ne la ressortira que lorsque la société sans classes sera réalisée , à la fin des temps, donc.
Chez Camus , la liberté peut aussi être une passion purement individuelle visant au bonheur ou à la domination égoïstes - c'est le cas chez Meursault , Caligula ou Martha par exemple.
Mais la recherche de la liberté peut avoir comme but de rejoindre la communauté des hommes et d'éveiller le goût de la liberté chez les autres. Telle était l'une des ambitions de Camus à travers
son journalisme éthique.
Dans ses articles comme dans es essais , la liberté est constamment associée à la justice ou dissociée d'elle.
Son contraire est généralement la servitude qui va de pair avec l'injustice et le mensonge.
Avec la liberté , Camus se heurte donc à un noeud , une pelote de notions capitales - justice , injustice , vérité et mensonge - dont il est difficile de dévider l'écheveau.
" Il n' y a pas de liberté pour l'homme tant qu'il n'a pas surmonté sa crainte de la mort " , note Camus dans ses Carnets , ajoutant que la servitude ne
menace pas qui ne craint pas la mort. Dans ces mêmes Carnets , il dit préférer en dernière instance la liberté à la justice ( l'égalité ) : " Finalement , je choisis
la liberté. Car même si la justice n'est pas réalisée , la liberté préserve le pouvoir de protestation contre l'injustice et sauve la communication ...
Mais le difficile est de ne jamais perdre de vue que la valeur de liberté doit exiger en même temps la justice. Ceci posé , il y a une justice aussi , quoique bien différente , à fonder la
seule valeur constante dans l'histoire des hommes qui ne sont jamais bien morts que pour la liberté.
La liberté c'est pouvoir défendre ce que je ne pense pas , même dans un régime ou un monde que j'approuve. C'est pouvoir donner raison à l'adversaire. "
Au final , la recherche conjuguée de la liberté et de la justice est la seule qui échappe , en principe , à l'institutionnalisation du mensonge.
( Source Le Monde / Hors-série Camus )
Marie 16/02/2010 12:34
Alice 16/02/2010 12:17