L'hirondelle au printemps
L'hirondelle au printemps cherche les vieilles
tours,
Débris où n'est plus l'homme, où la vie est toujours
;
La fauvette en avril cherche, ô ma
bien-aimée,
La forêt sombre et fraîche et l'épaisse
ramée,
La mousse, et, dans les nœuds des branches, les doux
toits
Qu'en se superposant font les feuilles des
bois.
Ainsi fait l'oiseau. Nous, nous cherchons, dans la
ville,
Le coin désert, l'abri solitaire et
tranquille,
Le seuil qui n'a pas d'yeux obliques et
méchants,
La rue où les volets sont fermés ; dans les
champs,
Nous cherchons le sentier du pâtre et du poète
;
Dans les bois, la clairière inconnue et
muette
Où le silence éteint les bruits lointains et
sourds.
L'oiseau cache son nid, nous cachons nos
amours.
Victor Hugo ("Les contemplations")