Prémonitoire ? Depuis cinquante ans, Camus repose en paix, sous une simple pierre au cimetière de Lourmarin, au coeur de cette Provence que son ami René Char lui a fait découvrir et dont la
lumière lui rappelait son Algérie natale. Fallait-il troubler ce silence en lui ouvrant, comme vient de le suggérer Nicolas Sarkozy, les portes du Panthéon ? Camus, visionnaire avait raison. Même
sa dépouille lui est disputée.
"Même ma mort me sera disputée.
Et pourtant, ce que je désire de plus profond aujourd'hui est une mort silencieuse, qui laisserait pacifiés ceux que j'aime."
Que dirait l'auteur de L'Étranger de la France d'aujourd'hui ? "Je ne pense pas à la place de Camus!", s'insurge d'une voix sèche Catherine, sa fille, celle qui depuis trente ans veille sur son oeuvre. Celle qui lui rend aujourd'hui hommage à travers ce superbe ouvrage de photos et citations "Albert Camus solitaire et solidaire" (Michel Lafon). Comme une invitation à découvrir le journaliste, l'écrivain, l'homme de théâtre mais surtout "l'homme parmi les hommes". Engagé. Authentique. "Rieur et généreux".
"Vous avez un père? Comment est-il ? " demande Catherine Camus. "Papa, c'était un chouette mec! ", lance-t-elle, surprenante. Le ton
de sa voix a changé.
Elle n'est plus la gardienne d'une oeuvre immense, dont L'Étranger traduit en soixante langues, de l'espéranto au haïtien créole.
Elle est redevenue la fille d'Albert Camus. Pas l'écrivain, pas le prix Nobel. "J'ai compris qu'il était célèbre à sa
mort. J'avais 14 ans... Ça m'a fait grandir plus vite. Il nous a transmis l'amour de la liberté. Quand je lui ai dit que je voulais être acrobate, il ne s'est pas
offusqué".
Catherine sera avocate. Peu de temps. "Ma mère est morte, j'ai dû m'occuper de l'oeuvre de mon père".
Une chose est sûre. L'écriture ne l'a jamais tentée.
"Un prix Nobel, ça calme". "Moi, je ne suis rien", dit-elle.
Je me suis contentée de vivre en suivant son éthique, simplement, comme il me l'a enseignée."
Cette simplicité, Camus l'avait naturellement imposée. "À la maison, il ne parlait jamais
de lui". Pas plus lorsqu'il est revenu de Stockholm. Célèbre et "honni". Catherine se souvient de
son regard, songeur. Quand Camus, au faîte de la gloire, est cloué au pilori sous la violence des critiques. Quand miné par les ravages de la guerre
d'Algérie, il se tait.
"La célébrité, c'est inhumain! Il a été très seul".
"Pas simple", d'être la
fille de Camus, confie-t-elle. Ni hier, ni aujourd'hui. Tenez, cette affaire de Panthéon qui la submerge."C'est le
Lubéron qui m'est tombé sur la tête. Il y a tous ces gens qui me disent ce que je dois faire ou ne pas faire, le courrier qui a décuplé et mes bêtes qui n'ont plus rien à
bouffer". Il y a son frère jumeau, Jean, radicalement contre. Ceux qui la regardent d'un drôle d'oeil pour avoir prêté l'oreille à la proposition de
Nicolas Sarkozy. D'autres qui lui rappellent que Camus méprisait les politiques
"des hommes sans idéal et sans grandeur".
À tous ceux-là, elle répond : "Moi, je n'ai pas de vérité sur Camus. Les certitudes m'effraient. Ce que je sais c'est que mon père était inclassable donc irrécupérable. Il ne risque rien". Et au moment de décider, elle
le fera en femme " libre ". En digne fille de Camus.
C'est dans cette maison, à Lourmarin, achetée avec l'argent du Nobel, que sa fille Catherine a choisi les citations du livre, hommage à son père.
( Photo Ange Esposito )
( Source La Provence . com )
soleil-sucre 05/12/2009 01:08
DENIS ET FABIENNE 08/12/2009 21:49
Marie 04/12/2009 22:00
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Babeth 04/12/2009 19:40
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Hugues 04/12/2009 18:36
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