Atiq Rahimi , prix Goncourt avec " Syngué Sabour " n'est pas Normand. Ses racines sont afganes , du côté de Kaboul où il a passé toute sa jeunesse. Pourtant ses liens avec la Normandie sont forts.
En effet , c'est en terre normande qu'Atiq s'est installé lors de son exil d'Afghanistan.
Atiq Rahimi est né à kaboul en 1962 , dans une famille aisée.Son père, gouverneur de la vallée du Panchir , est devenu juge d'instruction à Kaboul. Mais en 1973 , un coup d'Etat l'expédie deux ans en prison. Il en sort et choisit l'exil en Inde où le rejoint Atiq Rahimi ...
Celui-ci fera ensuite le choix de rentrer au pays en mars 1979.
Après des études au lycée franco-afghan puis à l'université , le futur prix Goncourt décide de fuir un régime de plus en plus oppressant.
Il passe à pied , à travers les montagnes , au Pakistan. Puis à Jalalabad , il demande à la France un statut de réfugié politique.
Nous sommes en 1985.
Et c'est en Normandie qu'il "débarque ".
Atiq se souvient fot bien de cette époque.
" Mon premier contact avec la Normandie , ce fut dans une petite ville , à Gaillon , explique - t-il dans un français teinté d'un doux accent.J'y suis resté huit mois dans l'attente de mes papiers.
A Gaillon , nous étions bien. L'endroit était silencieux."
Idéal pour se plonger dans la culture française.
" Je me souviens , c'est là-bas que j'ai acheté " L'amant " de Marguerite Duras.
Cela fit un sacré trou dans mon allocation de réfugié parce qu'il fallait que j'achète également les dictionnaires. Mais quel bonheur ..."
Une fois son statut de réfugié confirmé , c'est à Rouen que le futur prix Goncourt s'installe.
" Nous étions alors dans un immeuble immense. Nous l'avions surnommé la muraille de Chine. Mais nous avions une belle vue sur Rouen."
Plus que la vue, c'est l'université qui intéresse Atiq Rahimi.
" Je suis allé tout de suite à Mont-Saint-Aignan et je me suis inscris en lettres modernes en tant qu'auditeur libre.
Je me souviens parfaitement du premier cours auquel j'ai assisté.
Il s'agissait d'étudier le Nouveau roman.
L'année suivante , je me suis inscrit en tant qu'étudiant normal et j'avais bien préparé la rentrée en étudiant la littérature contemporaine mais le cours portait sur l'Ancien français."
Ce qui n'empêchera pas Atiq de décrocher cette unité de valeur avec un 16 à la fin de l'année !
" Aussi étonnant que cela puisse paraître , je ne me suis jamais senti étranger à Rouen. J'avais tellement lu d'auteurs français et au Centre culturel français de Kaboul, j'avais découvert la Nouvelle Vague , Jean-Luc Godart et les films de Claude Sautet."
Passionné de littérature , amoureux des Belles lettres , Atiq s'enthousiasme d'évoluer sur les terres de Flaubert et Maupassant.
" J'ai toujours à l'esprit un souvenir très fort. Une émotion intense. C'était lorsque Claude Chabrol tourna à rouen et dans les petites communes des alentours , son " Madame Bovary ".
Nous étions quelques-uns de la fac à avoir eu le bonheur de passer une journée entière sur le tournage.
Je m'en souviens si bien ..."
Son livre : Syngué Sabour
P.O.L. Editions - 160 pages - 2008
En persan , Syngué sabour est le nom d'une pierre noire magique , une pierre de patience, qui accueille la détresse de ceux qui se confient à elle.
Mais ici, la Syngué sabour, c'est un homme allongé , comme décérébré après qu'une balle se soit logée dans sa nuque sans pour autant le tuer.
Sa femme est auprès de lui. Elle lui en veut de l'avoir sacrifiée à la guerre...
Pourtant elle le soigne , et elle lui parle. Elle lui parle même de plus en plus.
Et c'est une extraordinaire confession sans retenue grâce à quoi elle se libère de l'oppression...
( Source Itinéraires de Normandie )
CIBELINE 04/06/2010 15:10