Le 4 janvier 1960, la puissante voiture dans laquelle Albert Camus rentre à Paris se fracasse contre un arbre, scellant la
légende d’un écrivain au destin exceptionnel, prix Nobel à 44 ans, devenu l’une des voix de la littérature française dans le monde. 50 ans plus tard, sa possible entrée au Panthéon
suscite la polémique.
Né le 7 novembre 1913 en Algérie, Camus est un homme du peuple, l’écrivain issu d’un milieu très pauvre, ce qui le distingue
dès le départ des autres intellectuels. Orphelin de père avant l’âge d’un an, sa mère est femme de ménage et ne sait ni lire ni écrire. Surtout, Albert Camus est un pur produit de l’école
républicaine. Son instituteur le repère et réussit à lui faire suivre des études. Il publie son premier livre à 24 ans, puis s’installe à Paris, s’engage dans la Résistance contre les nazis et
prend la direction du journal clandestin « Combat ». En 1945, il est l’un des rares intellectuels occidentaux à dénoncer l’usage de l’arme atomique après le bombardement
d’Hiroshima.
Dès les années 1940, Camus développe avec « Le mythe de Sisyphe » sa philosophie de l’absurde : l’homme ne trouve pas de cohérence dans la marche du monde et n’a d’autre issue que de se révolter. Mais il se veut d’abord écrivain, au style limpide, abordable par le plus grand nombre. Un écrivain qui dérange, hors des clans et des systèmes. Homme de gauche, il dénonce le totalitarisme en Union Soviétique et se brouille avec Sartre. Français d’Algérie, il refuse le terrorisme d’où qu’il vienne, quand la gauche soutient la lutte pour l’indépendance algérienne. Dans son discours du Nobel, Camus se définit lui-même comme un artiste. « Il disait qu’il voulait parler pour ceux qui n’ont pas la parole ou sont opprimés », confie sa fille Catherine Camus.
Ses romans, courts, denses, « L’étranger » (1942), best-seller en édition de poche, « La peste » (1947), « La chute » (1956), régulièrement au programme des écoles, l’imposent dans le paysage intellectuel français. Et ses prises de position politiques le font connaître dans le monde. C’est cet homme, libre, séducteur, que l’Académie Nobel consacre en 1957 pour une œuvre à peine entamée qui met en lumière les problèmes qui se posent « à la conscience des hommes ».
Avec l’argent du Nobel, Albert Camus achète une maison à Lourmarin en Provence. Le 3 janvier 1960, il quitte le village à bord
de la Facel Vega de 355 chevaux conduite par son ami Michel Gallimard. Direction Paris. La veille, sa femme et ses deux enfants ont pris le train du retour en gare d’Avignon. Le 4 janvier à
13h55, le bolide s’encastre dans un platane en bordure de route nationale. Albert Camus est tué sur le coup. Michel Gallimard décède quelques jours plus tard. On retrouvera dans la serviette de
l’écrivain les 144 feuillets du « Premier homme », le roman qu’il consacrait à sa mère et qui ne paraîtra que bien plus tard, en 1994. En projetant de le faire entrer au Panthéon, Nicolas Sarkozy
a provoqué la colère de la gauche et de nombreux intellectuels qui ont crié à la « récupération ». 50 ans après sa mort, Camus, « l’homme révolté », suscite toujours les passions.
( afp)
( Source de l'article : LE SOIR . be )
Marie 05/01/2010 14:06
DENIS ET FABIENNE 05/01/2010 18:04
Hambre 04/01/2010 21:31
DENIS ET FABIENNE 05/01/2010 21:06
danielle 04/01/2010 20:49
DENIS ET FABIENNE 05/01/2010 21:21
danielle 04/01/2010 20:14
DENIS ET FABIENNE 04/01/2010 20:22